| Découverte Historique des explorations | Document texte | Degouve (GSHP) | 18/12/2017 | Titre Historique-CB115
Le gouffre de Bétapagaye
(Massif de St Pé – 64 Asson)
2007, les premiers coups de pioches
Le gouffre avait été découvert par Isabelle Fouquet durant l’hiver 2006-2007. Ce n’est alors qu’un minuscule trou souffleur. En février, le GSHP entame la désobstruction et le mois suivant, en deux sorties, l’étroiture d’entrée est forcée, livrant un puits de 10 m et une salle pentue prolongée par un méandre impénétrable. A la fin de l’année 2007 B. Nurisso et A. Massuyeau s’attaquent au méandre de -14 m, et progressent de quelques mètres.
Reprise des hostilités
Le 7 avril 2012, nous sommes à pieds d’œuvre pour une petite reconnaissance. Au bas du P.10 d’entrée, nous retrouvons sans peine le chantier laissé par nos prédécesseurs. De gros blocs menaçants n’encouragent guère à poursuivre dans cette voie. Alors nous cherchons et traquons le courant d’air. Finalement nous le retrouvons dans un laminoir glaiseux qui semble être le sommet d’un conduit plus grand, en partie comblé. Sans outil, la désobstruction s’annonce laborieuse. Nous y retournons 2 jours plus tard armés jusqu’aux dents. L’argile se creuse bien et les quelques blocs récalcitrants qui dépassent ça et là ne résistent pas aux pailles que nous emportons désormais systématiquement.. Au bout de 5 h de labeur nous avons progressé de 5 m et déjà nous entrevoyons un élargissement.
Nous ne reprenons le chantier qu’un mois plus tard avec une équipe renforcée du GSHP. La désobstruction devient inconfortable mais nous parvenons assez rapidement à franchir l’obstacle. Derrière, un conduit ébouleux nous amène au bord d’un ressaut de 5 m bien sculpté par l’eau, mais plus bas le courant d’air se dilue dans plusieurs boyaux impénétrables sans travaux.
La sortie suivante, l’équipe s’est encore étoffée avec la venue d’Etienne, un autre Savoyard installé depuis peu sur Tarbes. A 6 ça se bouscule un peu pour forcer le passage étroit de -28 m. C’est à celui qui passera le premier et à ce petit jeu, Etienne sort gagnant en débouchant dans une belle salle déclive (Salle des Campanes). Au point bas, il nous faudra encore utiliser les pailles pour tous parvenir au bord d’un gros puits estimé à une trentaine de mètres.
Enfin des puits….
Deux jours plus tard, nous sommes 4 à trépigner au-dessus du vide. Le puits, estimé à 20 ou 30 m, mesure en fait 45 m (puits Zabelle). Les proportions (8 x 4 m) restent les mêmes sur toute la hauteur. Au bas (-78 m), deux autres verticales se présentent. La première, située à l'aplomb de la corde du P.45, débute par un passage resserré et nous lui préférons la seconde plus vaste et s'ouvrant le long d'une fracture bien marquée. Le départ, un peu glaiseux, donne sur un puits de 15 m. Au bas les parois se resserrent et 9 m plus bas, nous quittons la diaclase pour un méandre devenant très étroit (-100 m). Nous nous enfilons dans les différents niveaux de ce dernier et finalement le plus mince d’entre nous parvient à forcer un passage où la résonance devient importante. Malheureusement, pas moyen de se retourner et de voir la suite, mais un caillou lancé au jugé tombe dans un puits estimé à une quinzaine de mètres. Avant d’entamer un chantier nous allons voir l'autre puits située au bas du puits Zabelle. Malheureusement, 20 m plus bas, ce dernier s’arrête sur le départ d'un méandre rapidement bouché par du remplissage (-101 m, pas d'air). Inutile d'insister par ici, nous retournons dans la première branche et entamons l’élargissement du méandre. La roche bien compacte rend le "paillage" hyper efficace. Nous asséchons les batteries et au total nous progressons de près de 3 m. Il reste quasiment la même distance avant d'atteindre le puits.
Autant battre le fer quand il est encore chaud, et le samedi suivant nous revoici à pied d’œuvre. Le conduit tourne et dans ces conditions, manier le perfo devient éprouvant. Il nous faut batailler plusieurs heures avant de pouvoir ouvrir la tête du puits suivant. Petite déception car celui-ci est moins ample que prévu, et surtout le courant d’air semble s’être volatilisé. L’équipement ne traîne pas et nous nous retrouvons tous, vingt mètres plus bas (-122 m) devant un minuscule méandre qui peine à aspirer les brumes de notre chantier. Un « paillage » parcimonieux nous permet toutefois de progresser dans ce minuscule conduit qui se pince irrémédiablement à -125 m.
Dernier acte
Une dernière offensive a lieu le 20 juin suivant. L’objectif est de rechercher le courant d’air dans les lucarnes du puits Zabelle. Mais celles-ci ne conduisent qu’à des conduits parallèles sans intérêt. En désespoir de cause, nous escaladons le sommet du grand puits pour atteindre une belle ouverture, on ne sait jamais. L’escalade sur de grandes lames acérées est plaisante, mais cela n’ira pas plus loin car une quinzaine de mètres plus hauts, nous buttons sur des méandres remontants étroits et sans air. C’en est bien fini de Bétapagaye.
Pour autant, les recherches ne se sont pas arrêtées sur ce secteur septentrional du massif de St Pé. A l’est, l’alimentation des réseaux de Bétharram et du Melat laisse encore de nombreux points d’interrogation et à l’ouest, destination la plus probable des eaux drainées par le gouffre, les résurgences en rive droite de l’Ouzom sont encore très mal connues. Situé à la frontière théorique de ces deux bassins d’alimentation, le gouffre de Bétapagaye pouvait éclairer un peu plus notre lanterne. Le sort en a voulu autrement mais ce n’est que partie remise, d’autre orifices attendent déjà nos prochains coup de pioches.
Patrick Degouve (GSHP)
Participants aux explorations : Jean-Antoine Araque, Etienne Bunoz, Patrick et Sandrine Degouve, Alain Dole, Isabelle Fouquet, Jean-Luc Lacrampe, Serge Latapie, Alain Massuyeau, Jean-Claude Mengelle, Bruno et Véronique Nurisso, Joël Sanchez.
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