Goule d’HAURIGAUT. L’exploration ultime. Par Jean-Michel et Philippe ESPINASSE
Commençant notre initiation spéléo en 1984 avec Jean-Claude Le Meur, nous avons entendu parler d’un lac souterrain à Auterrive. Prenant quelques renseignements, on nous parle effectivement d’un ruisseau souterrain, d’une grotte où pouvaient s’abriter des bœufs, d’un gros serpent qui en gardait l’entrée et aurait dissuadé d’éventuels visiteurs…
Il n’en fallait pas tant pour aiguiser notre curiosité et nous donner envie de voir de quoi il retournait.
L’entrée du réseau était connue et facile à trouver : une perte d’environ 1 mètre de large et 50 centimètres de hauteur. Ensuite alternent quelques passages bas et aquatiques (30 centimètres) et des parties un peu plus hautes, sans toutefois que l’on y tienne debout. Après environ 300 mètres de reptation plus ou moins aquatique, nous débouchons dans une grande salle d’une quarantaine de mètres de long, une quinzaine de mètres au plus large et 7 mètres de hauteur. La salle présente un comblement d’argile et quelques concrétions au plafond. A son point bas, un puits étroit de 3,40 mètres de profondeur s’achève sur un siphon.
Après cette première, nous avons eu l’occasion d’y retourner plusieurs fois pour le plaisir et y accompagner du monde. Alain Herbel, un ami photographe, est venu y faire des photos.
Nous avons profité d’une période sèche pour faire la topographie. Cette fois-là, le niveau de l’eau avait bien baissé dans le siphon du puits terminal, qui n’était plus qu’une voûte mouillante que nous avons passée en apnée. Une faille tortueuse continuait sur une trentaine de mètres en s’achevant sur des étroitures impénétrables.
Cette séance de topo faillit déclencher un secours : le voisin avait remarqué que d’habitude nous passions au maximum deux heures sous terre. Il s’est donc inquiété de ne pas nous voir sortir après plus de 4 heures. Il a averti les pompiers d’Auch qui eux mêmes contactaient les pompiers de Pavie, de qui la commune d’Auterrive dépendait. Notre père, pompier à Pavie, sachant que nous faisions le relevé topo et que ce serait long, a tout stoppé. A la sortie, il ne nous resta qu’à rassurer tout le monde et à promettre qu’à l’avenir….
Ce ruisseau souterrain, somme tout modeste, est néanmoins conséquent à l’échelle des cavités gersoises. La topographie a permis d’éclairer les diverses légendes qui y sont liées. Il semble que le fond de la grande salle ait pu être un porche donnant sur l’extérieur, par lequel le ruisseau ressortait et dans lequel les bœufs pouvaient pénétrer. Un éboulement aurait ensuite bouché le porche amenant le ruisseau à s’infiltrer pour résurger 20 mètres plus bas dans une mare bien visible.
Par contre, le serpent de la légende n’a pas daigné pointer le bout de son nez… |