| EXSURGENCE Stratigraphie Zoologie | Document texte | | 03/05/2018 | Une des plus grandes et des plus intéressantes des grottes gersoises s’ouvre au fond d’une ancienne carrière abandonnée située au- dessous de la RD 267, peu après que l’on ait abandonné la RD 166 qui va à Ligardes à travers le bois de Broustès. Son nom étrange et biblique est celui de la ferme voisine, située à quelques centaines de mètres du carrefour (lors de la Réforme, les protestants, nombreux en Gascogne, ont choisi parfois des noms de genre, tirés des Ecritures ; Ainsi près de Nérac le village de … Nazareth).
A l’extrémité de la carrière s’ouvre la tranchée encombrée de plantes d’eau :Un ruisseau y circule et ressort un peu plus loin à l’aplomb de la falaise primitive ; à l’autre bout baille l’entrée de la grotte, arche modeste de 1m de hauteur. Derrière plus d’un kilomètre de galeries ; Mais il a fallu aux inventeurs de la grotte plus d’un an de travaux de désobstruction, de 1957 à 1958 pour pénétrer dans le réseau vierge dont l’entrée était colmatée jusqu’au plafond.
Le ruisseau qui occupe la galerie et que nous allons à présent remonter jusqu’à sa source débite régulièrement une dizaine de litres par seconde ; La pente de son cours, très faible a été estimée à 0,5%. La première partie de la grotte est une galerie basse (1 à 1.60m), large de 1 à 1.60m, sinueuse, où l’on rampe pendant 250m environ. Non loin de l’entrée, elle s’orne d’assez nombreuses concrétions ; Le ruisseau s’y grossit d’un petit affluent latéral au cours pénétrable sur à peine quelques mètres. Puis la galerie, qui s’était transformée en véritable laminoir, se redresse brusquement : C’est « Padirac ». La voûte s’élève ici à 3 ou 4 m de haut. La galerie est spacieuse, ornée par endroits de concrétions, et emprunte en grande partie un tracé fossile que recoupe par endroits le cours actif du ruisseau. Celui-ci sinue sous des voûtes basses, traverse la galerie principale qu’il a creusée jadis, ressort plus loin ; Son cours actif est difficilement pénétrable. La galerie est à présent terne et boueuse ; Des conduits fossiles ouverts au- dessus du cours d’eau alternent avec des sections plus vastes, larges de 2 à 6m, la hauteur du plafond atteignant 2.50m.
Dans une première phase de son évolution, le ruisseau a creusé des galeries que d’importants dépôts de glaise sont ensuite venus encombrer, à la faveur d’un ralentissement de son activité, sans doute consécutif à une ère de précipitations moins abondantes ; Puis dans une seconde phase, une érosion intense a entamé le colmatage, comme en témoigne dans cette partie de la grotte la présence de banquettes d’érosion. En même temps, les masses argileuses accumulées déviaient son cours qui empruntait alors de nouveaux joints de stratification, creusés en galeries très basses et sinueuses : D’où la présence de deux réseaux d’inégales importance, l’un recoupant l’autre. A cette partie plus complexe de la grotte succède une première salle occupée par un talus de matériaux détritiques. D’un diamètre de 10m, haute de 6m, elle a la forme d’un cône renversé. On rejoint le cours d’eau et presque aussitôt, une ouverture dissimulée dans le plafond de la galerie nous fait pénétrer dans la grande salle. On escalade un haut talus d’éboulis glissant au-dessus duquel le plafond s’élève, et puis tout change. La lueur de l’acétylène éclaire à peine l’autre extrémité, à une quarantaine de mètres. De forme irrégulière, la salle, large d’une quinzaine de mètres, se creuse en son milieu d’une dépression encombrée de blocs de rocher ; Le plafond nu est à 13m du sol environ. En face de nous, un balcon dissimule une seconde petite salle sans issue.
Un orifice parmi les blocs nous ramène dans le ruisseau que barre un beau gour concrétionné.
Un court passage nous fait refaire connaissance avec la reptation aquatique et voici la troisième salle. Semblable à la première, avec son plafond plat d’où se détachent des plaquettes de rocher, elle présente le même aspect de cône la pointe en bas, avec une hauteur de 12m et un diamètre de 17m.
La formation de ses salles dont l’ampleur contraste fortement avec l’exigüité des autres conduits est décrite dans la Thèse dont Jean-Pierre CANTET est l’auteur et qui est intitulée « Le karst de La Romieu » et soutenue en 1969 devant l’Institut de Géographie de la Faculté des Lettres et Sciences Humaines de Toulouse.
La grande salle du Sinaï (40X20m) constitue un des plus vaste espace souterrain de notre département. Après la troisième salle, commence la partie la plus longue et la plus monotone de la caverne. Plus de concrétions. Un laminoir dont le plafond se relève insensiblement se prolonge par une interminable galerie étroite et sinueuse, que le cours du ruisseau recoupe à nouveau à de nombreuses reprises. On se relève enfin. Il faut se glisser un moment le long d’une haute banquette d’érosion qui remplit presque la galerie. Puis se faufiler parmi un groupe de concrétions trapues qui ont poussé là ; La galerie suit sur une trentaine de mètres une diaclase étroite ornée de pédoncules de calcite, puis bifurque. Devant nous, un boyau fossile impénétrable au bout de quelques mètres ; A gauche, on retrouve une dernière fois le cours d’eau qui sinue sous une voûte laminoir que l’on peut remonter sur une faible distance et qui rejoint bientôt le sol. Nous avons parcouru près de 1100m sous terre et sommes ici à l’Est de la RD166, sous le bois de Broustès qui se creuse ici de dolines d’effondrement et d’amorces de conduits malheureusement impénétrables. Cette zone constitue le second bassin versant de la cavité, le premier étant constitué par le plateau cultivé qui s’étend au Sud du bois du Broustès entre la RD267 et la RD166. Dans cette zone s’ouvre aussi la grotte de Mauvezin qui a été rattachée au réseau du Sinaï par une coloration injectée en son point bas.
Aujourd’hui bien connue, la grotte de Sinaï ne semble plus avoir de secret à nous livrer. | |