| Compte rendu de sortie, de camp Description de la cavité Historique des explorations | Document texte | A.Fajardo (GSHP) | 23/05/2021 | Titre Explorations de 2016-2017
Résumé Extrait de l'article "Le gouffre de la perte de Yerse" paru dans Spelunca n°159 (2020)
Plus en amont, le gouffre du col d'Andorre (SC-147)par Anthony Fajardo Situé plus en amont sur la bordure sud du synclinal, le gouffre du col d'Andorre fait un peu figure de tête de réseau car très proche des pertes qui avaient été colorées en 1999 (voir figure 1). Découvert en 1996, il avait été exploré à l'époque jusqu'à des étroitures à la profondeur de -124 m. Pour nous, tout commença le 6 décembre 2015. Accompagné d’Alain Massuyeau, Véronique Doyen et Richard Blomme, c’était pour moi la première fois que je montais au col d’Andorre pour voir ce gouffre appelé SC 147. Ce qui me marqua le plus lors de cette sortie, c’est d’abord les puits d’entrée, d’une belle hauteur et relativement volumineux, puis ce courant d’air, qui agit tel un aimant et m’attire malgré l’étroitesse du méandre qui fait suite. Malheureusement certains différents au sein de l’équipe mirent à l'arrêt pour quelques temps l’exploration de ce gouffre. Au cours de l’hiver alors que je me rendais à la Pierre Saint Martin, je fis la connaissance de Jean. Ce jeune homme, d’une force et d’une volonté incroyable, est adhérent comme moi au GSHP, et alors que nous buvions un café bien chaud, nous nous mettons rapidement à parler des explorations sur le synclinal d’Aygue Nègre. C’est tout naturellement que nous convenons d’une prochaine sortie ensemble au SC 147. Tout recommença donc le 18 mai 2016. Après une marche d’approche agréable et un peu de recherche de l’entrée, nous voilà partis tous les deux dans le gouffre. Nous rééquipons certains passages, puis finissons d’équiper le fond jusqu’au terminus, que nous baptiserons « le terminus des anciens » en hommage à nos vaillants prédécesseurs. La décision de continuer l’exploration se pris sans réelle discussion. Il faut dire aussi que cette première aventure en autonomie, sans les anciens avec nous, génère une sorte d’excitation, un peu comme lorsque l’on quitte seul le domicile pour la première fois afin de rejoindre ses copains au terrain de jeu ! Il nous faudra une séance supplémentaire, accompagné de Jonathan Dorez, pour franchir ce premier verrou. Derrière nous découvrons un magnifique et volumineux méandre avec son actif. A ce moment-là, un sentiment d’irrésistibilité nous envahit ! Plus rien ne peut nous arrêter. Si ce n’est un nouveau pincement quelques mètres plus loin. Mais il en faut plus pour nous démotiver. Les aléas de la vie, et les obligations professionnelles font que nous ne pourrons retourner dans ce gouffre que le 28 septembre 2016. Ce jour-là, grâce à une escalade réalisée par Jean, nous parviendrons à shunter ce nouveau pincement par un passage particulièrement étroit, qui nous fit déboucher dans une salle d’un volume respectable. Toujours très emballés par nos réussites nous découvrons ce même jour, le conduit fossile qui nous amena à la salle du Fafarjo. Pour la petite histoire le jour de cette découverte, l’excitation était telle que, n’ayant plus ni corde ni goujons, face à cette salle qui nous tendait les mains une dizaine de mètre plus bas, nous descendons un ensemble de margelles péteuses, faisant abstraction de tous les dangers objectifs auxquels nous nous exposions durant cette insouciante progression. Une fois au sol et la raison revenue à nous, nous décidons plus sagement de rebrousser chemin. Face à l’ampleur que prend notre exploration, nous décidons de solliciter des renforts au GSHP. Le 09 octobre 2016, une sortie collective est donc organisée. Plusieurs équipes, composées d’Alain Massuyeau, Jean Claude Mengelle, Serge Latapie, Sandrine et Patrick Degouve, Jean et Pierre Noyes, se mobilisent pour élargir certains passages, faire la topo et poursuivre l'exploration. Cette sortie fut aussi l’occasion pour moi de faire la connaissance de Pierre, qui n’est autre que le père de mon ami Jean. D’une motivation à toutes épreuves, il nous accompagnera dans la suite de cette aventure. Ce jour-là nous parviendrons à traverser le sol de la salle du Fafarjo et ainsi à retomber une vingtaine de mètres plus bas dans un large méandre humide. Au bout de ce dernier, nous retrouvons le pendage. En se glissant dans l'inter strate, nous parvenons au sommet d'une nouvelle verticale qui nous semble immense à tel point qu’il nous fut impossible ce jour-là, et malgré de nombreux bricolages, d’en atteindre le fond par manque de cordes. Mais l’ambiance et la perspective d’une suite suffit à nous remplir tous les trois de joie. Le 12 novembre 2016, nous retournons dans le gouffre, pour en découdre avec ce puits (Pierre, Jean et moi). La météo humide des derniers jours a transformé la cavité en véritables douches. Le P.31 dans lequel nous nous étions arrêté arrose copieusement. A -180 m, au niveau d'un confortable palier, un méandre fossile aspire nettement. Malheureusement il est strictement impénétrable. Jean reprend l'équipement et enchaîne 2 petits puits séparés par un étranglement sévère. Il s'arrête une nouvelle fois en bout de corde vers -200 m. Nous sommes trempés et le matériel souffre. Nous rebroussons chemin et il nous faut 2 heures et demie pour regagner la surface. L'accès aux parties profondes du gouffre étant vraiment pénible et trop sélectif pour certains, nous décidons de consacrer une sortie entière à l'aménagement du méandre et des étroitures jusqu'à -130 m (19 novembre 2016). Ce jour-là, nous sommes 7 et 3 perfos sont à la manœuvre (Alain, Jean-Claude, Serge, Jean, Sandrine, Patrick et moi). Une semaine plus tard (27 novembre) nous voici à nouveau dans le gouffre et grâce aux élargissements réalisés le week-end précédent, la progression y est plus sereine (Pierre, Jean, Sandrine, Patrick et moi). Pendant que Jean et Patrick attaquent la topo depuis la salle du Fafarjo, nous gagnons le terminus à -190 m pour élargir le sommet du puits dans lequel Jean s'était arrêté (P.11 à -190 m). Ceci fait, je pars pour équiper la suite. Rapidement je me retrouve sous les embruns, mais impossible de faire autrement. Au bas de ce puits, nous enchaînons encore deux petites verticales de 7 m chacune avant de prendre pied dans le fond d'un méandre qui se pince rapidement. Pourtant, après une multitude de jets de pierres, nous parvenons à sonder un vide qui semble plus vaste et profond d'une dizaine de mètre. Le 147 n'est donc pas terminé. Malgré cela nous mettrons un long moment avant d'y revenir. En octobre 2017, nous effectuons deux sorties supplémentaires (11 et 25 octobre), l’une accompagnée de Guillaume des Aquas et Serge, l’autre de Pierre et Laurent, un ami ariégeois de Pierre et Jean. L’équipement laissé en place nous permet de reprendre là où nous avions laissé les choses. A l’issue de longues désobstructions pénibles et humides nous parvenons à ouvrir l'accès à deux nouveaux petits puits de 14 et 5 mètres entrecoupés. Au pied du dernier, nous nous retrouvons bloqué face à un ultime pincement. Le chantier s’annonçant trop long et compliqué, nous décidons de mettre un point final à cette aventure et de nous tourner vers de nouveaux projets. Deux ultimes séances sont consacrées au déséquipement de la cavité qui prend fin le 1er novembre 2017 en compagnie de Serge. C'est l'épilogue d’une belle histoire et d’un beau projet. La profondeur de la cavité à largement doublé en passant de -115m (terminus des anciens) à -258 m. Mais c'est également le début d’une nouvelle équipe et surtout d’une belle amitié. A l'issue de ces explorations le gouffre du col d'Andorre développe 515 m, pour une profondeur de 258 m. Le fond est à plus de 600 m des galeries du gouffre de la Ratasse pour un dénivelé restant de l'ordre de 185 m. Ces chiffres, relativement importants, et le faible courant d'air constaté dans le méandre terminal du gouffre du Col d'Andorre n'encouragent donc vraiment pas à poursuivre les travaux. | |