Titre Description Torca de Encima de Hondojon (PF8)
Description de la Torca de Encima de Hondojon La Torca de Encima de Hondojon s'ouvre à la bordure du cirque d'Hondojon, à une altitude approximative de 1330 m et à 1.5 km à l'Est du Picon Fraile (1633 m). L'entrée de la cavité se dissimule en plein coeur d'un système de fractures orientées N210° en pleine table de lapiaz. I. Stratigraphie du terrain traversé par la cavité: On se réfèrera aux études précédemment conduites en ce qui concerne la stratigraphie générale du massif et nous intéresserons particulièrement aux 90 premiers mètres de l'ensemble de strates, en se fixant pour limite basse la couche de grès sur laquelle coulent les petites circulations actives rencontrées dans la cavité. La première couche est composée de calcaires récifaux (à rudistes ou Toucasia), à faciès Urgonien. Cette couche a une épaisseur de 45 m environ; elle est soumise à une gélifraction de surface intense, particulièrement au voisinage des grandes fractures. La couche suivante est formée d'un calcaire de texture moins compacte, d'aspect granuleux. C'est dans ce terrain que se développent les grandes galeries du réseau. Cette couche a une puissance de 30 mètres environ; elle se décline en marno-calcaires puis en marnes dans sa partie inférieure. La couche de marnes, d'une faible épaisseur, constitue un niveau quasi-imperméable constituant un premier niveau de base du réseau. Il surmonte un horizon de calcaire plus compact (6 m d'épaisseur) dans lequel se sont développées quelques galeries actives sous les galeries principales. Une couche de grès compacte constitue le principal horizon imperméable du massif. II. Les puits: La cavité s'ouvre par un puits à neige de 10 m de long sur 4 m de large et profond de 25 mètres. Au fond de ce puits, une cheminée de section cylindrique remonte vers la surface. Le fond du puits d'entrée, occupé par un névé, donne après désobstruction sur une galerie en méandre formée en faveur du croisement d'une faille et d'un joint d'interstrate. Cette galerie est en fait le sommet d'une grande fracture N200° s'élargissant vers le bas. Un puits de 20 mètres fractionné aboutit sur un vaste palier d'où l'on domine une large verticale de 40 mètres de toute beauté (puits du TELETHON), avec un vaste palier à une dizaine de mètres du fond. La diaclase génératrice de ce puits, orientée N200°, est visible sur toute cette partie du gouffre. De nombreuses lucarnes non explorées s'ouvrent dans ces puits. La base des puits correspond à un niveau sub-horizontal se développant selon le pendage. La cote de -80 mètres atteinte à la base des puits représente aussi l'épaisseur de roche au-dessus de ce point. On change de faciès à la cote -50 m (contact nettement visible dix mètres sous le palier du grand puits). III. Agencement du réseau: Les réseaux subhorizontaux de la Torca de Encima de Hondojon ont une orientation générale Ouest-Est et suivent le pendage des couches (15°) On retrouve cette orientation générale et cette disposition dans les cavités voisines de la Mota la Fuente (Requiem, PF 3, etc...). Le réseau est constitué de deux branches strictement parallèles et quasiment identiques dans leur partie aval; la base des puits, qui correspond à une faille coulissante, est encombrée de chaos de blocs. Un petit système de méandres se développe dans les interstrates, à l'aplomb de l'entrée (réseau Minidoux) Les parties amont du réseau sont plus complexes: ce sont en fait les ramifications amont d'un réseau hydrologique dont les eaux résurgent très probablement au Nacimiento del Rio Gandara. La branche amont Nord est un système de galeries étroites; le Réseau des Lourdais est formés de galeries dendritiques et d'un laminoir (laminoir de la Turbine), ainsi que d'une très longue galerie active constituant le point extrême du réseau (Galerie des Lourdais et le Bigodrain) Les deux galeries aval ont la même section (elles sont parcourues par un vent de même sens descendant et butent sur la même faille à -130); la galerie Sud donne sur un petit réseau dont un amont à l'extrême Sud constitue une troisième branche du réseau, parallèle aux deux autres. IV. Les deux galeries aval et la Galerie des Montagnes Russes: La grande fracture N200° dans laquelle s'est développé le système des puits d'accès au complexe recoupe, nous l'avons vu, deux réseaux parallèles quasiment jumeaux. La similitude des deux galeries aval est frappante, tant du point de vue de la géométrie que de la morphologie. Ces deux galeries ont plusieurs points en commun: - Des sections quasiment identiques (5 * 8 m en moyenne), - Un sol marneux et encombré de blocs - Une direction et un pendage identiques - Un courant d'air violent descendant - Des stalactites en forme de peigne dont les dents sont dirigées vers l'amont - Une terminaison en aval sur des failles. De plus, il est intéressant de noter que les deux galeries butent sur une fracture orientée N45°, dont le prolongement au Sud donne accès à la troisième branche parallèle du réseau (voir plan). D'après les topographies, une relation entre les terminus de ces galeries et les cavités SCD619 et SCD617 est évidente, d'autant que ces deux porches soufflent, de même que le PF09, une galerie en conduite forcée de 55 m parallèle au réseau. La galerie des Marnes (galerie aval Sud) aboutit à un carrefour conduisant au réseau des Indécis. En rive droite, l'amont des Montagnes Russes se développe parallèlement à la galerie des Marnes. La galerie des Montagnes Russes, sensiblement identique aux deux autres galeries, comporte un sol ébouleux présentant de nombreux soutirages. En amont, après le franchissement en escalade d'un soutirage, le conduit vient buter sur une énorme trémie au droit de l'accident qui a généré les puits d'entrée. V. Le réseau des Indécis: Comme son nom l'indique, le réseau des Indécis est un complexe de galeries ramifiées dont le carrefour de départ se situe au bas de la galerie des Marnes. En rive droite, une courte galerie (N235°) aboutit à une escalade qui donne sur la galerie des Montagnes Russes, parallèle au reste du réseau. De l'autre côté du carrefour, en continuant vers l'aval, un passage surbaissé en laminoir donne sur une galerie se développant en amont entre les deux galeries principales de l'aval. Cette galerie amont présente une section trapézoïdale de 5 * 5 m, encombrée d'éboulis et de blocs d'effondrement; le terme de cette conduite est une étroiture passablement reconnue dans les blocs. L'aval se présente sous la forme d'une conduite forcée, avec un méandre très étroit qui surcreuse le plafond, et par lequel s'enfile un très violent courant d'air aspirant. Le terminus de ces galeries est une trémie sur faille (en fait, c'est cette faille qui est à l'origine du terminus brutal de la Galerie des Crânes et du décrochement visible au fond du Cirque d'Hondojon), dans laquelle une escalade a été faite; un autre terminus est le laminoir du Trou à Chiottes, où se perd l'une des circulations du réseau. VI. Les circulations actives: Les circulations actives dans le PF8 sont nombreuses mais de faible débit. Elles sont accessibles principalement par des regards et des fonds de méandres. En examinant la topographie, il est possible de distinguer deux circulations actives principales dans le réseau: Au Nord, le Réseau Amont Nord comporte une circulation que l'on rencontre ensuite dans le Ruisseau du Désobeur au Taquet, où il se perd définitivement dans une trémie. Au Sud, la Rivière des Lourdais et l'actif du Laminoir de la Turbine se rejoignent dans la Galerie des Lourdais, sous les blocs du plancher. L'Actif Mignon, sous la Galerie des Marnes, semble la suite logique de ces eaux, mais le pendage orienté ENE des couches peut très bien les diriger sur le réseau Nord. Puis, cette circulation momentanément perdue est retrouvée dans un autre regard sous le carrefour des Indécis, où l'eau se perd. Le Ruisseau du Désobeur au Taquet est un regard situé sous la galerie Amont Nord. C'est une conduite forcée de 40 m environ où l'eau coule sur une couche de grès imperméables. Le plafond de la galerie est formé de marnes correspondant au plancher des grandes galeries. Cet actif a pour amont un ruisseau dans le Réseau Amont Nord, lui aussi en conduite forcée. La Rivière des Lourdais est le plus important actif de la cavité et constitue la tête du réseau (cote +30 m); ses eaux se perdent sous les blocs de la galerie provenant de la Galerie des Lourdais. Il est très probable que ses eaux se retrouvent dans les actifs de l'Amont Nord, très proches, après avoir collecté les eaux du Laminoir de la Turbine. L'Actif Mignon est un autre regard sur un actif qui semble indépendant des autres précédemment décrits. C'est une galerie se développant sous le plancher marneux de la Galerie des Marnes. D'une longueur de 80 m, c'est une conduite forcée très concrétionnée par endroits (en un endroit, une paroi est tapissées de choux-fleurs, l'autre étant recouverte de stalactites). Comme les autres actifs, l'eau coule sur une couche de grès. Une trémie impénétrable empêche toute continuation. On retrouve l'eau dans un autre regard sous le carrefour des Indécis. Divers petits ruisselets grossissent le débit des actifs. VII. Les preuves d'une circulation d'air présente depuis très longtemps: La cavité est parcourue par un courant d'air très violent, soufflant d'Ouest en Est en été dans toutes les galeries du réseau. La violence des courants d'air s'est manifestée tant dans les formes d'érosion que dans le cadre du concrétionnement. Les planchers marneux des deux galeries principales sont surcreusés de «traces de pneus de vélo», des stries parallèles à l'axe des galeries creusées dans les marnes et dont l'aspect rappelle une trace de dérapage. Les «peignes» sont des stalactites (voir le schéma sur la topographie) se présentant sous la forme d'un peigne dont les dents sont plus longues en bas qu'en haut (vitesses des faisceaux d'air croissantes en s'éloignant des parois); les dents sont dirigées vers le haut, ce qui suppose que l'air a eu une circulation dominante d'Est en Ouest (supposition confirmée par le côté opposé aux peignes, très arrondi et lisse). On retrouve ces stalactites dans les deux grandes galeries de l'aval. VIII: Le petit réseau à la base des puits: A la base des puits, un petit réseau labyrinthique se développe. Comportant deux étages, il est accessible à partir de deux endroits du réseau: le carrefour entre la Galerie des Ours et la base des puits d'une part, une chatière dans la Galerie Amont Nord d'autre part. L'étage supérieur de ce réseau est composé de méandres étroits et sinueux; leur section montre que le terrain traversé n'est pas homogène (section en dents de peigne, correspondant aux différentes duretés des strates). En outre, l'eau a percouru ces petits conduits, comme le montrent des dépôts d'argile sableuse avec des ondulations («ripplemarks»). Un petit méandre concrétionné donne sur un laminoir en interstrate rapidement impénétrable. Le méandre principal décrit un arc de cercle et aboutit en fenêtre sur la grande fracture. A l'opposé, un puits de 6 mètres donne sur un large méandre sinueux au plancher sableux; on aboutit dans la Grande Galerie Amont par une petite chatière. IX: Le Laminoir de la Turbine: Ce laminoir est une autre caractéristique du réseau, avec les deux grandes galeries. Il se développe en interstrate sur une très grande largeur dans le prolongement de la Galerie des Lourdais, après un coude de celle-ci. C'est un laminoir très large et très bas, correspondant à un important interstrate entre deux niveaux de calcaires. Le plancher de ce laminoir est revêtu d'une épaisse couche de sable argileux (à ne pas confondre avec l'argile sableuse du petit réseau décrit ci-avant) avec les ripplemarks générés par le très violent courant d'air parcourant cette galerie. Le plancher de ce laminoir, long de 50 m environ, s'efface en amont pour donner suite à une grande salle que termine un puits remontant d'où provient le courant d'air. Ce laminoir est surcreusé en son milieu par un méandre très étroit (moins de 50 cm) au fond duquel coule un petit ruisseau. Un autre laminoir de même type, tout aussi ventilé, se développe à quelques mètres au Nord; il relie une salle jonctionnant avec la cheminée de la Turbine au départ de la Rivière des Lourdais. X: La Galerie des Lourdais et le Bigodrain L'amont du PF 8, très étendu (plus de 500 m) et orienté plein Ouest, consiste en une galerie de sections variées reposant sur le socle de grès. Du départ de cet amont (cote -61) jusqu'à l'étroiture terminus des explorations 2000, la galerie est d'assez vastes dimensions, dont une partie en canyon (5*10 m) au sol encombré de blocs. Puis le plafond s'abaisse et on rejoint la rivière qui coule sur un très beau sol de grès (surcreusements) dans une galerie de faible hauteur où la progression est pénible du fait de la rivière et du sol gréseux piquant à souhait. On arrive ainsi après 170 m de parcours à l'étroiture arrosée de la Trémie. Cette chatière forcée en 2002 donne sur la suite, toujours au contact des grès. 30 m après cette étroiture, une escalade en plafond nous permet de prendre pied dans un tronçon de grande galerie (section identique aux grandes galeries du réseau creusée dans les marnes) colmaté aux extrémités. La rivière se poursuit sur 60 m avec la même section en méandre à base élargie jusqu'à une salle (salle de Sakany) formée par la jonction de plusieurs puits remontants à remonter. Un peu plus loin, la section se réduit et on quitte momentanément la rivière pour franchir un cône d'éboulis. De l'autre côté on arrive directement au Confluent des Lourdais, d'où arrive en rive droite le Bigodrain. En remontant le cours principal, la rivière présente cette section caractéristique de conduite forcée dans les grès jusqu'à un élargissement (Salle des Moules) recevant des puits remontants. Puis le conduit prend une section en méandre à base élargie jusqu'à son terminus. 50 m avant celui-ci, une lucarne nous amène à un autre tronçon de galerie supérieure où arrivent de nombreux puits remontants dont l'un a été remonté jusqu'à la cote +26 m avec arrêt sur rétrécissement. Le terminus, actif, consiste en une fracture corrodée très étroite qui se termine sur pincement à la cote +12. Nous sommes ici à plus de 650 m de la base des puits d'entrée. XI: Perspectives de continuation: Le réseau est à présent bien étudié et les perspectives semblent peu intéressantes: - L'amont de la Rivière des Lourdais est très proche des parties aval des cavités de la face Ouest du Picon del Fraile (Petits Lapins notamments) - Les parties aval sont très proches de la falaise du cirque d'Hondojon - D'autres galeries parallèles existent certainement (dont le PF 11 qui en recoupe une, colmatée aux extrémités), mais il faudrait rechercher des fenêtres au niveau des grandes fractures N10°, particulièrement dans les parages des puits d'entrée. - Le puits remontant du Laminoir de la Turbine est à escalader, mais il a de fortes chances de rejoindre le lapiaz (ce puits est très haut) - Une fouille approfondie du réseau de la Neige serait à entreprendre mais les enjeux sont relativement faibles et en tout état de cause, toute étude sur cette cavité ne saurait désormais se passer d'une synthèse complète du massif. La découverte d'un tel réseau dans le promontoire tabulaire du Cirque d'Hondojon nous permet de confirmer les indications que les nombreux réseaux du Picon Fraile nous ont fourni: une orientation générale Ouest-Est, des réseaux cutanés (PF3, Requiem, Petits Lapins, etc ...) avec des actifs sur des couches de grès et bien d'autres informations. La fracture N200° qui a permis d'accéder aux réseaux comporte de nombreux puits susceptibles de déboucher sur le réseau principal et/ou sur d'autres réseaux parallèles. De plus, il n'est pas impossible d'arriver par des désobstructions ou des escalades sur une ou plusieurs galeries semblables à la Galerie des Ours, ce qui a déjà été constaté lors de l'exploration du réseau. |